LCBO À bon verre, bonne table Automne 2016

« J’ai adoré ! C’est aussi bon que Les Filles de Caleb , sauf qu’on n’en a jamais fait une télésérie », s’est exclamée une de mes amies franco-ontariennes quand, il y a quelques années, elle m’a vue lire le tome 1 des CHRONIQUES DU NOUVEL-ONTARIO (1) , écrit par Hélène Brodeur (Prise de parole, coll. BCF, 2012). Elle avait bien raison.    Sagas historiques, humour, drames, poésie, albums pour les tout-petits : la littérature franco-ontarienne offre de tout, pour tous les goûts. Néanmoins, choisir de lire un livre franco-ontarien dans un océan de produits culturels, c’est aller à contre-courant, comme l’affirmait récemment François Paré, professeur à l’Université de Waterloo, dans un entretien diffusé sur ici.radio-canada.ca. Au fil des ans, je vous ai proposé quelques perles : des titres signés Pierre Raphaël Pelletier, Hélène Koscielniak et Daniel Marchildon, entre autres.    Mais j’ai eu envie de savoir quels livres vous aimez parmi la riche production franco-ontarienne. Je suis donc allée à la rencontre d’autres gens qui lisent à contre-courant, des lectrices et lecteurs branchés sur notre milieu culturel. Et j’ai eu de belles surprises…

Bien entendu, le nom de Daniel Poliquin est revenu à quelques reprises. Son roman L’ÉCUREUIL NOIR (2) (Boréal compact, 1999) a fait aimer Ottawa et ses auteurs à Sylvain Rousset, qui a occupé entre autres emplois ce- lui de libraire dans la capitale : « C’était plein de repères pour moi qui arrivais d’Europe. Il parlait de la Côte-de-Sable. Je trouvais son écriture à la fois mordante et très fine, avec une belle touche d’humour. » Josée Tardif, ancienne bibliothécaire devenue traductrice, a, quant à elle, eu un coup de cœur pour L’HOMME DE PAILLE ( 3 ) (Boréal, 1998) et son héros amnésique : « En lisant ce roman, on ne peut que s’interroger sur sa propre identité. »    L’essayiste Catherine Voyer-Léger, qui tra­ vaille à l’Alliance culturelle de l’Ontario et qui vient d’être élue présidente du Salon du livre de l’Outaouais, a un faible pour L’USAGE DU RÉEL; SUIVI DE EXERCICES DE TIR ( 4 ) , de Robert Yergeau (Éd. du Noroît, 1986) : « C’est une poésie sensuelle et troublée… avec des images très fortes qui m’habitent encore. Toute l’œuvre de Yergeau est un combat entre l’ombre et la lumière. »    « La force de la langue dans LE CHIEN (5) , la poésie de l’imaginaire, la révolte du fils et son rapport au père… c’était quelque chose de très fort », dit l’auteur et comédien Gabriel Robichaud à propos de la pièce de Jean-Marc Dalpé (Prise de parole, coll. BCF, 2003). L’an dernier, cet Acadien a dû lire une soixan- taine d’œuvres franco-ontariennes en prépa- ration du spectacle qu’il a conçu avec Lisa L’Heureux pour célébrer 400 ans de présence

francophone en Ontario. Il a été séduit par le triptyque POÈMES ANGLAIS | LE PAYS DE PERSONNE | LA FISSURE DE LA FICTION (6) de Patrice Desbiens (Prise de parole, coll. BCF, 2010), poète à l’écriture engagée qui navigue entre l’autodérision et la simplicité du quoti- dien et propose une myriade de personnages « aussi crasses que touchants ».    Bien sûr, on ne saurait parler de littérature franco-ontarienne sans parler de Françoise Lepage. C’est le choix de la Torontoise Mireille Messier : « Ce livrem’est tombé entre lesmains par hasard, dit-elle en parlant du CHANT DES LOUPS (7) (L’Interligne, 2003). J’avais passé l’âge de lire des romans jeunesse, mais puisque j’étais alors scénariste d’une émission pour enfants à TFO, j’avais un certain intérêt pour cette littérature. Ce fut une révélation ! Pour la première fois de ma vie, je découvrais qu’il était possible d’écrire des histoires qui se passaient chez nous, en français – Oui ! Oui ! J’étais dans la fin vingtaine, j’habitais en Ontario et je n’avais jamais encore lu un livre franco-ontarien ! » C’est en partie grâce à cette rencontre littéraire que M me Messier écrit au- jourd’hui pour la jeunesse.    Récemment, sur la table de chevet de Nadia Campbell, on retrouve surtout des livres pour enfants, dont les très comiques COUPE ET SOUCOUPE À SUDBURY (8) et EMBROUILLES À EMBRUN (9) de… Mireille Messier (Éd. du Vermillon, 2006 et 2013) ! « Pas parce que mes compétences en littératie régressent, mais plutôt parce que j’ai des en- fants à divertir avant le dodo », dit l’humoriste,

membre du collectif Improtéine. Son com- père Olivier Nadon, lui aussi un avide lecteur, craque plutôt pour la collection les PENSÉES DU JOUR (10) (Éd. Sans Limites). « Écrits par Martin Laporte, un de nos plus grands auteurs, ces livres-là m’ont fait découvrir l’humour de chez nous; un humour qui nous représente et qui nous rassemble. Ç’a été une inspiration pour Improtéine, c’est certain. »    Denis Bertrand, expert-conseil en déve­ loppement de publics pour les arts, a eu quant à lui son premier coup de cœur pour la littérature d’ici en lisant LA PRISON ROSE BONBON (11) , de Marc Labelle (Prise de parole, 1991) : « À l’époque, ce récit parsemé de science-fiction, de fantastique et d’horreur se démarquait nettement de la production identitaire qui caractérisait alors la littérature franco-ontarienne. »    J’ai réussi à piquer votre curiosité ? J’es­ père ! Le 25 septembre, Jour des Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens, pourrait être une belle occasion d’ajouter un ou deux livres franco-ontariens à votre bibliothèque. Si vous n’avez pas le bonheur d’avoir une li- brairie francophone près de chez vous, sachez qu’on trouve aussi nos livres sur de nombreux portails en ligne, dont avoslivres.ca.

Écrivaine, traductrice et réviseure, Marie-Josée Martin vit à Ottawa. Ses publications incluent le roman Un jour, ils entendront mes silences , récom- pensé de plusieurs prix, et une contribution au col- lectif d’auteurs Sur les traces de Champlain . Pour en savoir plus : www.mariejoseemartin.com.

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