LCBO — À bon verre, bonne table Été 2022

Grande » Ribalaigua Vert offrait les deux versions à son bar La Florida (rebaptisé plus tard El Floridita), aux quelles il avait ajouté une troisième méthode en 1939, utilisant un batteur électrique. Il ne s’agissait pas d’un mélangeur, mais plutôt d’un appareil à lait frappé comme ceux que l’on trouvait dans les pharmacies américaines, où la tringle de mélange et l’agitateur s’enfoncent dans un gobelet en métal. La texture des cocktails préparés de cette façon ravit le plus célèbre client du bar, Ernest Hemingway. Diabétique, il aimait ses daiquiris sans sucre, mais avec deux fois plus de rhum, une boisson

en consommait au Army and Navy Club, dont le bar avait depuis longtemps été nommé The Daiquiri Lounge, ainsi qu’à la Maison-Blanche, où la recette du cocktail de Jackie Kennedy figurait sur le mur de la cuisine. La première dame connaissait un raccourci astucieux : elle utilisait deux ou trois parts de limonade concentrée congelée en remplacement de la glace et du sucre, qu’elle mettait dans un shaker avec deux parts de rhum, une part de jus de limette frais et quelques gouttes de sirop Falernum épicé. Il suffisait ensuite de secouer jusqu’à ce que la limonade congelée fonde, puis de servir.

DES BANANES ?

Le daiquiri à la banane est souvent critiqué, et pas tou jours à tort. Pourtant, une version bien réalisée est un pur délice. Mélangez la moitié d’une banane congelée avec 45 mL (1 1/2 oz) de rhum blanc, 22 mL ( 3/4 oz) de liqueur de banane, 22 mL ( 3/4 oz) de jus de limette et 10 mL (2 c. à thé) de sucre, jusqu’à l’obtention d’un liquide. Ajoutez mélangez brièvement. Versez dans un verre Hurricane et décorez d’une rondelle de banane, d’un quartier 125 mL ( 1/2 tasse) de glace pilée et

qu’il baptisait Papa Doble . Des années plus tard, Hemingway décrivit l’un des chefs d’œuvre de Constante dans son livre Islands in the Stream : « Il sirota un autre daiquiri sans sucre et, en soulevant le verre, lourd et givré, il contempla le liquide limpide, sous le som met frappé, qui évoquait la mer. Le sommet frappé de la boisson ressemblait au sillage d’un navire, et le fond clair, à la façon dont la proue fend les vagues en eau peu pro fonde sur un fond de marne. La couleur était presque identique…» Comme le Papa Doble est plutôt acidulé, Constante l’a modifié en ajoutant une cuiller à thé de jus de pamplemousse et une autre de Liqueur Maraschino Luxardo. Le résultat? Un nouveau cocktail nommé E. Hemingway Special. Une autre figure de proue du daiquiri (et grand amateur des écrits d’Hemingway) était le président John F. Kennedy. Celui-ci

de limette ou d’un dauphin-banane (voir la page 49).

AVEC OU SANS MÉLANGEUR

Le mélangeur électrique a été inventé en 1937 et s’est rapidement imposé auprès des barmans comme solution pour broyer la glace et préparer des boissons frappées. Cette technique s’est toutefois avérée être à la fois une bénédiction et une malédiction. Un mélange inadéquat produit une barbotine et non un cocktail, sans aucune nuance de texture. Le mélangeur électrique a également ouvert la porte à d’innombrables « daiquiris » glacés à base de fruits (autres que les limettes). En 1971, le Playboy’s Host & Bar Book en répertoriait dix, dont certains plus exotiques, comme les daiquiris au corossol, à la goyave et à la

liqueur de graines de sésame, mais curieusement pas à la banane ni à la fraise. Ce livre comprend des directives bien précises pour la préparation d’un daiquiri glacé : utiliser 1/2 tasse de glace déjà pilée et mélanger pendant 10 à 15 secondes seulement, à basse vitesse.

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