LCBO À bon verre, bonne table Printemps 2016

LES DOUX PLAISIRS PAR MARIE-JOSÉE MARTIN

DES HERBES ET DES BAOBABS

Plus de 400 ans avant notre ère, les disciples d’Hippocrate, père de la médecine occidentale, étudiaient déjà les propriétés des fines herbes. Quant aux arbres, jusqu’à récemment, on était plus enclins à les abattre qu’à les étudier. Un scientifique viré humoriste voudrait maintenant nous voir suivre leur exemple…

Une touche de persil ou de basilic frais suffit à transformer un plat. Voilà pourquoi j’en ai toujours cultivé, même quand je ne disposais que d’un petit balcon. Le basilic à lui seul se décline en plus de 150 variétés, mais pourquoi s’arrêter là ? Il y a aussi la livèche, le perilla, la sauge, etc. Envie de créer un mur de fines herbes à partir de palettes de bois ? Lili Michaud explique comment. Plutôt envie d’un jardin d’herbes à la française ou d’un jardin en pots ? Pas de problème. Ses conseils vous assureront d’en retirer un maximum de plai- sir. Au cœur du guide, on trouve des fiches détaillées (de 5 à 15 pages chacune) sur 32 herbes, dont plusieurs méconnues. De nombreuses photographies et d’excellents ta- bleaux de synthèse accompagnent le texte. La carte des zones de rusticité est conçue pour un lectorat québécois, mais l’ouvrage dans son ensemble reste très pertinent. Le chapitre sur l’utilisation comporte de belles surprises, dont une recette d’herbes salées du Bas-du- Fleuve que j’ai bien envie d’essayer.     Est-il encore besoin de présenter Boucar Diouf ? Christian Messier résume fort bien l’homme en préface : « un mélange de savant, de conteur, de comique et de sage ». Rendez

à ces arbres ce qui appartient à ces arbres est à l’image de son auteur : étonnant, éducatif, drôle et émouvant. Notre culture tend à conce- voir les arbres comme des objets statiques; Diouf nous les révèle comme des individus so- lidaires, capables de materner même, grâce à leurs échanges de sève. Au fond, si Diouf parle de la nature, n’est-ce pas pour mieux nous ren- voyer à nous-mêmes ? Il pulvérise les barrières pour offrir, à la manière des conteurs africains, une sagesse qui englobe tout. Il a choisi ici de donner voix au baobab de son enfance : « S’il y a autant de problèmes dans vos pays d’immi- gration, c’est qu’en plus du culte des racines, vous portez aussi beaucoup trop d’importance aux souches. » Apprendrons-nous au final à nous « donner les mains un peu comme [les] arbres se donnent les racines » ?

LES LIVRES Lili Michaud, Les fines herbes de la terre à la table , Éditions MultiMondes, 2015, 352 pages, 29,95 $. Boucar Diouf, Rendez à ces arbres ce qui appartient à ces arbres , Éditions La Presse, 2015, 132 pages, 22,95 $.

Écrivaine, traductrice et réviseure, Marie-Josée Martin vit à Ottawa. Ses publications incluent le roman Un jour, ils entendront mes silences , récompensé de plusieurs prix, et une contribution au collectif d’auteurs Sur les traces de Champlain . D’autres plaisirs vous attendent sur son blogue : www.mariejoseemartin.com.

14  À BON VERRE , BONNE TABLE PRINTEMPS 2016

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