LCBO À Bon Verre, Bonne Table Début de L'Été 2018
LES DOUX PLAISIRS PAR MARIE-JOSÉE MARTIN
CONCISES GOURMANDISES
Quand arrivent les premiers jours de l’été, un de mes plaisirs, c’est de m’installer sur la terrasse avec un livre. Le temps vous manque pour savourer pleinement un roman ? Envie seulement d’un petit « en-cas » livresque ? Justement, les livres que je vous propose font d’excellentes grignotines.
Longtemps boudée dans la littérature de langue française, la nouvelle semble jouir d’un regain d’intérêt. Effet de la nobélisation d’Alice Munroe, une Canadienne qui s’est distin- guée par sa maîtrise du genre ? La collection de « nouvelles gourmandes » rassemblée dans Treize à table a provoqué chez moi tantôt larmes, tantôt rires. Ne me demandez pas laquelle j’ai préférée : ce serait comme choisir entre un bol de fraises encore chaudes de soleil et un brie coulant. (J’adore les deux.) Le projet a été dirigé par Chrystine Brouillet, qui a créé l’inspectrice Maud Graham, et Geneviève Lefebvre, scénariste et chroniqueuse, qui signe dans le livre une nouvelle mettant en scène un tête-à-tête factice « entre “bros” de la gastro- nomie thug ». Leurs complices incluent Annie L’Italien, qui dépeint le dernier repas d’un chef bourru, et Michel Marc Bouchard, qui nous promène dans les corridors de Rideau Hall. Le conseil de ces dames pour vous, lectrices et lecteurs : « prévoir un délicieux nectar et quelques bouchées à savourer avant de déguster ces nouvelles ». J’approuve.
Rédacteur en chef du Maclean’s , fondateur de L’Actualité , traducteur de Michael Ignatieff et j’en passe : Jean Paré a un parcours impres- sionnant. Dans Les mots de la fin , il a rassemblé une collection de citations ou « vérités prêtes- à-porter », toutes du XX e ou du XXI e siècle, cueillies au fil de ses lectures et conversations. Il montre un penchant pour les formules cin- glantes et cyniques. Des noms reviennent sou- vent : Jean Cocteau, Albert Einstein, Woody Allen, Jean d’Ormesson, Alexandre Vialatte, Mark Twain, Warren Buffett. Un univers large- ment masculin. Sous « introspection », il cite l’inimitable Foglia : « Il n’est pas indispensable de répondre aux questions que tu ne te poses pas. » Au mot « patience », il donne la parole à Margaret Thatcher : « Je suis très patiente, tant qu’à la fin l’on fasse à ma guise. » Pour M. Paré, une « citation est une greffe de langage ou de pensée ». Cette collection révèle aussi quelque chose du « cueilleur » et de son époque.
LES LIVRES Treize à table , Druide, 2018, 195 pages, 19,95 $. Jean Paré, Les mots de la fin , Québec Amérique, 2018, 344 pages, 22,95 $.
Écrivaine, traductrice et réviseure, Marie-Josée Martin vit à Ottawa. Ses publications incluent le roman Un jour, ils entendront mes silences , récom- pensé de plusieurs prix, et une contribution au collectif Raconter Vanier . D’autres plaisirs vous attendent sur son blogue : www.mariejoseemartin.com.
6 À BON VERRE , BONNE TABLE DÉBUT DE L’ÉTÉ 2018
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