LCBO À bon verre, bonne table Hiver 2017

CINq qUESTIONS POUR… PAR CYNTHIA DAVID • PHOTOGRAPHIE PAR ROB FIOCCA

SUZANNE BARR, CHEF ET PROPRIÉTAIRE, SATURDAY DINETTE, TORONTO, SATURDAYDINETTE.COM

O n ne s’ennuie jamais au Saturday Dinette. Pendant que les clients font la queue devant le petit resto sympa dans l’attente de savourer sa cuisine simple, mais pleine d’ingéniosité, la chef Suzanne Barr, elle, officie à ses fourneaux au son de vieux albums. On est loin du temps où elle cuisinait pour des clients privés et voyageait de Paris aux Hamptons, ou du temps où elle était directrice de production d’émissions de télévision à New York. Et pour­ tant, sa joie est manifeste dans chaque assiette. L’ouverture de votre restaurant

flottait devant moi. Je ne savais pas ce que j’allais en faire, puis j’ai eu l’idée d’un plat composé d’un riz glutineux parfumé à l’ail, d’une épaisse sauce béchamel, de morue salée et de champignons enoki surmontés de poireaux croustillants, à peine dorés. Le tout servi avec un vin blanc. Je sais que ça a l’air bizarre, mais c’est mon plat préféré. Avez-vous un livre de recettes favori ? Celui auquel je reviens constam­ ment pour sa beauté, c’est Eleven Madison Park: The Cookbook , un ouvrage de Daniel Humm. Si j’ai envie de manger des petits gâ­ teaux Red Velvet, j’ouvre Brown Sugar Kitchen de la chef Tanya Holland d’Oakland, en Californie. Certaines pages sont collées ensemble tant j’aime le consulter. Avez-vous actuellement un projet personnel qui vous passionne ? Je veux créer un lieu où les femmes peuvent vraiment acquérir de l’expérience, aux tables comme en cuisine. Une jeune femme qui a commencé à travailler avec moi comme simple commis est aujourd’hui ma chef pâtissière.

a été particulièrement riche en événements. Pourriez-vous nous dire pourquoi ? C’était le 13 septembre 2014. J’étais allée chercher les ser­ viettes que nous avions com­ mandées quand mon médecin m’a appelée. Je lui ai dit que je ne me sentais toujours pas bien, et il m’a dit qu’il savait pourquoi : j’étais enceinte ! Une fois revenue au restaurant, je pleurais et je riais. Mon mari, Johnnie, m’a demandé si j’avais les serviettes et si j’avais hâte au grand moment. Je lui ai répondu que oui, j’avais hâte, et que c’était fou, parce qu’en plus j’étais enceinte. Il en est resté bouche bée. Où puisez-vous votre inspiration ? Le menu du Dinette est une fusion de tout ce que j’ai vu, de chaque endroit où j’ai vécu et de tous les parfums que j’ai sentis dans ma vie. Je l’accepte, je l’adore, je l’embrasse et je le mets sur l’assiette. Est-ce vrai que vous restez éveillée la nuit à créer de nouveaux plats ? Durant quatre mois, j’ai rêvé d’une assiette toute blanche qui

« L’heure du service dans les cuisines, c’est intense. C’est un milieu que la plupart des gens ne pourraient pas tolérer. D’autres, comme moi, y évoluent comme un poisson dans l’eau. Hors de ce milieu, nous avons

l’impression de ne vivre qu’à moitié. »

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